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Les Chroniques de Gusbby !
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Le Jour J, le Bon soir

Le Jour J, le Bon soir.

 

Mélancolique, Tristan était assis sur son lit et fixait la pluie qui s’abattait sur la fenêtre. Il était déjà habillé. Cela faisait maintenant deux heures qu’il n’osait pas se lever pour sortir de chez lui. Le déclic ? Sans doute l’appel reçu d’un de ses amis il y a environ dix minutes. Boire un verre ? Seulement un. Il sortit de sa chambre, caressa amicalement son chien et ferma la porte de son appartement à clefs.

 

Le moteur gronda. Tristan était armé d’une Alpine retapé par son père. Silencieux, il mit en marche la radio histoire de casser ce cliché de soirée faussement joyeuse. La pluie commença tranquillement à s’en aller quand Tristan arriva en ville. Il s’arrêta au feu rouge et baisse le volume de la radio. Dehors, les gens essaient de s’amuser. Certains picolent, d’autres rigolent. Et puis les naïfs se séduisent. Il détourne la tète et redémarre. Il rejoignit son ami quelques minutes plus tard. Le bar était bondé. Les filles peu habillées. Il salua brièvement des personnes qui le reconnaissent. « Yeah mec ! Bordel j’ai cru que tétais mort ! »

Tristan murmura seulement « C’est tout comme ». Il arriva à la table de son ami qui lui tapa sur l’épaule.

 

  • Comment tu vas ?

  • Ca va.

  • Tu prends quoi ?

  • Un gin fizz répondit il à son ami

Robin appela la serveuse qui prit la commande et le regarda de nouveau.

  • Alors ? T’es enfin sorti de ton terrier ? T’avais plus d’alcool chez toi ? demanda t-il en souriant

  • Faut croire. Comment va Margaux ?

  • Elle va bien, on doit passer le weekend ensemble normalement sur Paris.

  • Très bien…

Le silence s’installa entre les deux amis. Robin reprit la parole.

  • Tu penses encore à elle pas vrai ?

  • Je mentirai si je disais le contraire.

  • Ecoute Tristan…

  • Je sais ce que tu vas me dire Rob, je n’y peux rien.

  • T’attend quoi pour être heureux ? Laisse toi vivre, tu ne pourras jamais revenir en arrière, ce qui est fait est fait. Elle est avec quelqu’un d’autre maintenant.

  • Je m’en fou qu’elle soit avec quelqu’un. J’ai tout essayé pour l’oublier. J’ai bu, j’ai baisé, j’ai poussé les limites de mon adrénaline mais je n’y arrive pas.

  • T’es encore amoureux et c’est normal. Mais parfois ça ne finit pas comme on le voudrait. Maintenant il faudrait que tu te laisses aller, que tu laisses partir tout ça.

  • Quand tu te laisses aller, tu te laisses tomber. Tomber amoureux, tomber dans le néant. Le mien de néant c’est ça désormais. Elle m’a laissé ce gout d’inachevé, parce qu’elle a peur du bonheur. Mais si tout serait simple, si on avait tout à portée de main, est ce que le bonheur serait une sensation ? Non, juste un plus sur notre CV émotionnel. Tout le monde se connaît dans cette ville, ils savent de quoi l’autre est capable et savent utiliser les bonnes parades.

 

  • Ils baisent tous entre eux et apparemment ils sont heureux comme sa. Et quand quelqu’un ne connait pas une sensation, nouvelle et mystérieuse, tu sais ce qu’il faistRobin?

  • Dis-moi.

  • Il fuit. Parce qu’on ne lui a pas appris à regarder au delà de ce qu’on lui a enseigné ou répété.

  • Il fuit parce qu’ils préfèrent avoir le contrôle c’est ça ?

  • C’est un peu prés ça ... Du moins je pense.

  • Ca se tiens. »

Les deux amis changèrent de conversation. Ils parlèrent d’études, de boulot et de vacances. Tristan réussit un peu à sourire grâce aux histoires abracadabrantes de son ami. A l’autre bout du bar, un jeune homme était accompagné d’une fille très séduisante mais toujours peu habillée. Les deux personnages s’embrassaient et riaient très fort, Tristan pouvait les entendre. Quand il termina son verre, il ne remarqua pas la masse de cheveux châtains qui s’étaient glissés dans l’entrebâillement de la porte du bar.

Il se leva de son siège pour se diriger vers les toilettes. Arrivé à mi-chemin, son cœur se mit à battre très fort et il n’entendait plus rien. Elle était là. Ses cheveux lui caressaient son dos nu. Elle avait une discussion très mouvementée avec le type qui rigolait très fort il y a quelques minutes. Tristan fut rejoins par Robin qui lui murmura dans l’oreille « c’est son copain ». Le point droit de Tristan se serra violemment. La belle jeune fille au dos nu continuait de parler fort, elle s’en foutait des gens qui la regardaient. Le type essayait de répliquer et lui disait d’aller se faire foutre. Et puis il regarda Tristan.

Il voulait soutenir le regard mais il s’attarda sur le point serré de l’homme qu’il avait vu sur certaines photos il y a quelques semaines. Et puis ce fut au tour de la fille de se retourner. Les traits du visage étaient visibles, sa colère indescriptible, mais elle était tellement belle. Furieuse et apeurée comme une bête sauvage a qui on a joué un mauvais tour. Elle ne disait plus rien et continuait à regarder Tristan. Puis quelques secondes plus tard, elle s’en alla d’un pas pressé en faisant bien attention à ne pas recroiser ses yeux. Ce moment était fini.

 

Tristan marchait avec son ami dans la nuit calme et éclairée. Ils montèrent dans l’Alpine puis sortirent de la ville. Sur le chemin qui donnait sur l’appartement de son ami, Tristan ne dit pas un mot. Trop pensif ? Sans doute. Il n’était toujours pas remis de ce cœur, son cœur qui s’était mis à battre tellement vite. Quand il reprit le fil de ses pensées, Tristan remarqua qu’il roulait à 80 au lieu de 50 dans les rues étroites. Il ralentissa puis se gara en bas de l’immeuble de Robin. Ce dernier lui adressa quelques mots. Tristan ne retenu que « ça ira » ou « n’hésite pas si tu as besoin ». Robin sortit de la voiture et laissa Tristan dans sa solitude.

 

Il roulait. Toujours et encore, il ne voulait pas rentrer. Il avait mis une vieille station de radio.

Il ne savait pas où allait.

« Quand on n'a que l'amour A s'offrir en partageAu jour du grand voyage …»

Il regardait la route puis le poste radio, les lampadaires sur la route lui faisaient mal aux yeux.

 

« Quand on n'a que l'amourMon amour toi et moiPour qu'éclatent de joieChaque heure et chaque jour »

 

La chanson retentissait de plus en plus dans ses oreilles et à mesure qu’il essayait de se concentrer sur la route, ses yeux lui piquaient davantage. Il sentit quelque chose d’humide rouler sur sa joue droite.

« Quand on n'a que l'amourA offrir à ceux-làDont l'unique combatEst de chercher le jourQuand on n'a que l'amourPour tracer un cheminEt forcer le destinA chaque carrefourQuand on n'a que l'amourPour parler aux canonsEt rien qu'une chansonPour convaincre un tambour »

Tristan coupa la radio violemment et fonça avec sa voiture dans les ténèbres de la nuit froide pour que personne ne remarque ses yeux mouillés.

 

Environ un quart d’heure plus tard, il était désormais devant cette maison, assis sur le capot de sa voiture. Il avait beau essayer d’ensevelir son cœur dans de nombreux décombres, il entendait toujours son prénom retentir dans ses veines. La lumière de la chambre de sa reine était allumée. Était-elle seule ? Réussissait-elle à trouver le sommeil ? Il aurait tant aimé l’appeler ou grimper à sa fenêtre. Mais il ne fit rien, il restait là planté comme un con avec comme seule compagnie le vent qui passait de temps en temps. Mais il était calmé. Et rassurer de savoir qu’elle était rentrée chez elle, saine et sauve. Il continuait à fixer cette fenêtre où il apercevait parfois l’ombre de sa belle. Il regagna la portière de sa voiture, mis en route le moteur et descendit tranquillement la rue. Si à cet instant il aurait jeté un coup d’œil dans l’un de ses rétroviseurs, il aurait aperçu la fille aux cheveux châtains qui regardait par la fenêtre et reconnu sa voiture. Et peut être aurait il pu entrevoir son sourire.

 

Tristan ferma la porte de chez lui. 3h ? 4h ? Il s’en fichait de l’heure tardive. Son chien traina dans ses pattes et l’accompagna jusque dans la chambre, Tristan ne lui dit pas de sortir. Il enleva son pantalon et son t-shirt puis se laissa tomber sur son lit histoire d’essayer d’oublier et de se reposer.

 

Quelqu’un sonna à la porte. Tristan ne se leva pas tout de suite, d’une parce qu’il était fatigué et de l’autre parce qu’il était toujours plongé dans un mauvais rêve.

 

La sonnette retentit de nouveau. Il se leva, attrapa son pantalon, se dirigea dans l’entrée et entrouvrit la porte.

Elle était de nouveau là, le mascara avait coulé abondamment le long de ses joues. Et pourtant, elle n’avait jamais autant était belle qu’a cet instant.

 

« - Elisa ? Qu’est-ce que tu as ? »

Elle ne répondit pas tout de suite, cherchant peut être les bons mots. Elle en réussit à trouver les plus beaux qui fit réchauffer cette nuit froide et ténébreuse.

Un simple « Je t’aime ».

 

Le Jour J. Le bon soir.

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