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Les Chroniques de Gusbby !
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A terre, pour te prouver que tu n'es pas seul

A terre, pour te prouver que tu n'es pas seul

Nous sommes quatre, David, Fernand, Tom et moi. A bord d’une Ford Fiesta, je suis assis à côté de mes amis qui lancent des blagues à tout va, en espérant peut être me voir décocher un sourire. J’ai la rage au ventre, les boyaux qui se tordent et le cœur qui ne cesse de faiblir. Mais ce soir, je n’ai pas l’intention de faire dans la dentelle, je veux m’éclater, m’exploser, ne plus rien ressentir, vider ma tête et mon cœur, histoire de ne plus avoir de raisons d’avoir peur. Je n’ai plus goût a rien, je le vois bien, je m’empiffre de mauvaises bouffes choisies dans un fast-food pourri, dans une rue pourrie avec sa ville pourrie. Je regarde dans le vide, aucune parole accordée à mes amis, ils subissent en silence ma mauvaise humeur et ma tristesse, je suis pathétique. Je regarde mes mains, elles sont squelettiques. Avant ce soir, je ne mangeais quasiment rien, cela dure depuis bientôt un mois. Un mois qu’elle est partie, qu’elle m’a laissé avec mes envies meurtrières où je traque Cupidon et ses flèches à la con. Un mois que je m’empêche de verser une larme pour elle, préférant me noyer dans les bouteilles. Malheureusement, mes chagrins savent nager. Elle s’appelait J et je l’aimais. Pour moi, elle était touchée par la grâce maintenant je préfère dire que c’est une belle garce. On repart en voiture, je veux prendre le volant, on me le refuse. Il est bientôt 21 heures, les gens commencent à sortir, ils sont déjà habillés comme des richelieus et d’autres comme des Paris Hilton, j’ai la gerbe, je suis à deux doigts de renvoyer mon hamburger. On me propose d’aller en pré-soirée, je ne rechigne pas, ce sera l’occasion de me souler.

Arrivé à cette pré-soirée, je dis bonjour sans enregistrer les noms, je n’ai pas l’intention de faire de rencontre ni de me socialiser, j’ai l’impression d’être un robot qui ne désire pas s’actualiser. Je ne trinque pas, je garde la bouteille de vodka rien que pour moi. David, mon meilleur ami me fixe d’un air triste, c’est à mon tour d’esquiver son regard. Je bois, je pisse, je rebois et m’enivre. Une fille engage une conversation avec moi. Fin du monde, études et emploi, la seule chose qui m’intrigue c’est son collier et non pas son décolleté. Il a le même pendentif que celui qu’avait P, j’ai envie de lui arracher, je m’en sers malencontreusement pour lui remettre dans son décolleté. Je suis maintenant dans la chambre de cette même fille, je nage en eaux troubles, je ne fais même plus la différence entre la baise et l’amour et je laisse ma victime après avoir réalisé mon péché. Personne ne mérite mon affection. Elle comprend les choses mais au vu de son regard, ne les approuvent pas entièrement. Quand je regagne le salon, mes potes stoppent leur conversation en me voyant arriver, je fais mine de n’avoir rien vu. Il me demande si ça va, je leur raconte sans émotions mon histoire de cul. F me tape l’épaule et me félicite, pourtant je me sens stupide. Il est minuit passé quand on se lève du canapé. J’entame un dernier shooter de vodka qui brûle ma gorge pour continuer mon autodestruction.

 

Le trajet entre la porte de l’appartement et la voiture ? Un vrai calvaire, je descends quatre escaliers, j’ai l’impression de descendre l’Everest, en sortant j’embrasse deux filles que je ne connais pas, leur jupe m’a vite donné envie de partager des ébats, mais elles étaient maquillées comme des voitures volées, ça m’a dégouté. Fernand reconduit, apparemment il a préféré ne pas boire, je l’envie. Dans la voiture, je mets la musique à fond, D me demande d’arrêter de faire le couillon. 1h du mat’, on rejoint un groupe de potes en face de la boîte où le peuple, les villageois et autres énergumènes se prélassent pour oublier leurs soucis, moi je n’y arrive pas.

 

On salut le videur, les gens qu’on connaît, qu’on ne connaît pas, les filles qu’on a baisé, qu’on a envie de baiser, je tape la discute à ces filles délaissées, j’enclenche une danse sensuelle avec l’une d’elle bien alcoolisée, corps contre corps, lèvres sur les lèvres, je suis a deux doigts de m’envoyer en l’air quand Tom m’attrape par l’épaule et me demande de le suivre à une table, je laisse ma partenaire aux cannibales qui restent. Par habitude, je continue de boire, je n’apprécie même pas la bouteille que l’on a achetée. Je commence à remplir encore mon verre quand je l’aperçois. P. Elle se prélasse aux bras de plusieurs gars, arpente faussement son sourire, le même qu’elle me faisait, ça me donne envie de vomir. Et pourtant je tuerai pour qu’elle me regarde, qu’elle voit quel débauché, quel monstre je suis devenu depuis que mon cœur a été écorché.  Ses compagnons me regardent de travers, j’ai la bouteille en mains et des envies meurtrières. D comprend le manège, me prend la bouteille des mains et me rassoit sur le siège. Je recroise la fille à la danse sensuelle, elle s’agrippe à moi, je lui roule une pelle. P est livide et n’arrête pas de me fixer. Je la regarde haut en bas et commence à rigoler. Un rire satanique, plein de méchanceté et de haine que je veux partager. L’épisode satanique passe comme un flash et je me retrouve au bar entrain de siroter, encore, de l’alcool. Je regarde dans le vide. La musique est trop forte, j’ai l’impression que mes oreilles sont à deux doigts de saigner. Les gens sont heureux ce qui me donne encore plus envie de les détester. Trois types se mettent autour de moi, je me retourne et m’attend à voir mes potes. Faux. Les bouffons de P qui se comportent comme Al Capone. Le grand blond du milieu me braille quelque chose que je ne comprends pas, je lui réponds « Trop bien cette soirée ! ». Il s’énerve et j’arrive à comprendre « C’est mon ex que t’as embrassé enfoiré ! ». La fille à la danse sensuelle ? Mais quelle salope ! La serveuse du bar nous fixe intensément. Je fais mine de ne rien comprendre « Je ne comprends rien ! » Ses deux acolytes se rapprochent encore plus de moi. « Fais le malin va, en attendant TON ex, maintenant c’est moi qui vais la baiser ! » Et il se met lui aussi à rire, le même rire satanique qui était sorti de ma bouche. J’ai le sang qui bouillonne et lui répond «  Attend je te commande une Tequila frappée ! » Je me retourne vers le bar, boit mon dernier shoot de téquila, la serveuse me regarde et voit le truc venir. BAM. Game Over.

 

En me retournant, mon point gauche a malencontreusement atterri sur le nez du grand blond, qui maintenant est au sol et pisse le sang. Ses deux abrutis d’acolytes commencent à m’agripper et me balancent au sol, au même moment les videurs pointent le bout de leur nez et font quand à eux mettre au sol les deux idiots. D et F me relèvent et T me demande si tout va bien. J’ai envie de lui dire que rien ne va mais je fais oui de la tête. Le videur que l’on connaît s’avance vers nous et nous fait comprendre qu’il ne peut pas nous garder. Mes potes acceptent, moi ça me fais chier. Dehors l’air est glacial, je ne me précipite pas pour prendre ma veste dans la voiture. J’aperçois de nouveau P, tremblante, seule et en pleurs. Elle me regarde également et je remarque ses yeux, des yeux implorants, me suppliant d’être présent, je fais un pas dans sa direction quand une immense rancœur me parvient et me stoppe. Pourquoi ? Pourquoi devrais-je être là quand toi tu n’étais pas là ? Elle détourne le regard quand ses compagnons la rejoignent. Je rebrousse chemin, point barre.

 

Je décide de rentrer à pieds. Mes potes ne sont pas d’accord et veulent que je les suis mais je fais le sourd à leurs appels et m’enfonce dans la nuit noire et peu recommandable. Je maudis le monde, mon monde qui s’est écroulé à cause d’une stupide chose qu’on appelle l’amour. L’amour pour qui ? L’amour pour quoi ? Pour des mensonges et des déceptions qui embrassent ton âme et te font percuter les récifs de la haine et de la colère. Je ne veux plus rien ressentir. Je n’entends plus rien. Pas même les trois ombres derrière moi, qui se précipitent à ma rencontre pour me faire payer mon affront. Je tombe face contre terre, surement lié à la charge que j’ai reçue dans le dos. Je me retourne et voit ces trois mêmes débiles et ignorants de la boîte avec bien entendu en grand manitou, le blond qui a toujours le nez légèrement en sang et me regarde avec des yeux remplis de haine. Je me prends une rafale de coup de pied et fait tout pour me protéger la tête. Après tout c’est peut être ça ma punition pour avoir trop aimé, une légère obsession pour la boisson et des rafales de coups donnés par des types haineux et imbus de leurs personnes.

Je ne comprends pas tout de suite ce qui préoccupe les trois débiles, quand je vois F donner un grand coup de boule au grand blond. D et T se jettent sur les deux autres gorilles suivis par F qui a fait fuir le grand manitou. Quelques instants plus tard, je me relève et il ne reste que D, T et F. Je leur demande pourquoi ils sont venus. Et là D me regarde en colère et me crie :

 

« Parce qu’on est tes potes mec ! On dirait que tu parais tellement surpris que l’on soit la à tabasser des couillons pour que tu t’en sortes ! Tu cherches quoi bon sang ? A te faire buter ? Passes à autre chose bordel et arrête de t’auto détruire pour cette pouf ! »

Je ne dis rien. Je n’avais rien à dire de toute façon, je ne pouvais pas contredire mes potes. Les potes, les amis que l’on considère comme des frères, prêts à tout pour vous, à vous laisser dans l’ignorance pour qu’il n’y ait pas de dégâts ou à vous éclater la vérité en face pour vous réveiller. Je suis fatigué. Nous prenons la direction de la voiture, je marche à côté de D et lui avoue que j’ai mal.

<<Tu m’étonnes, ils ont voulu s’acharner me répond-il.

  • Je ne parle pas de ça...J’ai mal là, en montrant mon cœur. >>

 

Il ne dit rien mais me comprend. Parfois il n’y a pas besoin de dire grand chose concernant l’amour, ça vient et ça repart, et quand on le voit plus on se sent martyre. Il met sa main sur mon épaule et me dit que ça passera, avec du temps, mais que ça passera avec un bon pansement et si j’oublie que j’ai mal. Je lui fais confiance. Je laisse une larme couler. Je n’ai pas honte et ça ne me rend pas faible, bien au contraire. Dans cette larme se cache sans doute ma colère, ma tristesse ou ma haine. Il parait que ceux qui ne pleurent pas ne voient pas. Il parait, à cette heure ci je ne suis pas d’humeur philosophique. Le soleil se lève, nous sommes quatre à monter à bord de la voiture telle une équipe soudée. C’est surement ça que j’avais oublié. Oublié que les peines de cœur peuvent être apaisées par l’amitié. Une ossature solide, qui ne contient jamais de fins mais toujours des suites pouvant t’amener à t’envoler mais jamais seul, toujours bien accompagné.

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