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Les Chroniques de Gusbby !
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Ce monde est simple

CE MONDE EST SIMPLE

 

H comme Hugo, comme Héraclès pour pseudo et H comme Hypnotisé au vu des mes yeux et ses contours. La manette dans les mains, je suis aveuglé par ce qui m’entoure. Je ne fais pas attention au ketchup qui atterrit sur mon polo et encore moins à mon hamster qui deviens fou à force de me voir lobotomisé. De toute façon, dans un éternel recommencement, je monopoliserai ce jeu demain avec une difficulté au dessus. Je passe plus de temps à personnaliser mon avatar qu’à prendre soin de moi-même. Au vu de ma gueule, mon personnage a été ultra perfectionné. Etre le boss absolu, je gère mieux le virtuel que le réel. C’est tellement plus facile, de mourir et de revivre, d’échouer et de reconquérir. Je peux devenir le héros d’une nation, le sportif adulé par ses paires, créer, détailler, supprimer et rebâtir ce monde, mon monde.

 Puis je regarde un instant par la fenêtre. Les gens n’ont pas de seconde chance, leur monde s’embrase. Aux infos, les guerres font rage, est-ce que les soldats sur le terrain ont eux aussi l’option « Survivor » pour pouvoir revivre s’ils sont amenés à tomber ? Au fond, ils font aussi des matchs à mort pour des causes fausses et inutiles. Egoïste que je suis, je ne prends pas la peine de répondre aux messages de mes amis parce que c’est plus important pour moi de terminer le dernier niveau. . Du moins, naviguons-nous encore sur le même bateau ? Je geek et je re-geek. Je peux avoir des copines par milliers, de l’argent et divers accessoires technologiques pour pouvoir frimer. Je ne connais pas la faim, pas comme dans leur monde où un continent complet mange de la terre et de l’eau. L’ignorance m’aveugle et je n’y peux rien. Je suis obnubilé par cette naïveté qui diminue mes chances de me socialiser.

Il est minuit et demi, demain j’ai école. Mais je m’en fous. Mon niveau n’est pas terminé, et je continue à me droguer d’images virtuelles et fausses parce-que cela me fais oublier la triste réalité de ce monde, leur monde, celui qui t’oblige à te taire et t’empêche de t’évader. Je suis en vie depuis quinze ans et j’en ai déjà marre de respirer le même air que celui des abrutis qui peuplent mon espace vital. Mon adolescence me perturbe et je commence à regretter de ne pas être resté enfant. Dans mon monde je peux avoir l’âge et le physique que je veux, dans mon monde, personne n’a le droit et le pouvoir de rendre les gens malheureux. Dictature ? Chez vous oui, pas chez moi. La crise financière ? Le virtuel ne connaît pas. Je suis propriétaire des clubs et distribue les salaires. Pourquoi se contenter de si peu quand on peut avoir tellement ?

Remet une pièce et retente ta chance, pourquoi devrais-je attendre le tour des autres quand tout mon univers prend un sens ? Je prends une longue gorgée de boisson gazeuse et me félicite de vivre dans mon monde et de solliciter mes pensées rêveuses.

 

Il est maintenant deux heures du matin. J’ai enfin terminé. Je suis dorénavant le roi, absolu et intouchable. J’ai empoché le pactole, battu tous mes adversaires l’un après l’autre. Construis les plus beaux édifices pour une gloire solitaire mais éternelle. Dans ma joie et folie, je jette un dernier coup d’œil dehors. Il fait nuit et froid. L’ambiance est glauque. Un seul lampadaire éclaire ma rue.

 

Une rue dans laquelle j’aperçois deux hommes s’en prenant à un troisième qui se débat tant bien que mal pour s’en aller. Il croise mon regard et je peux lire sur ses lèvres qu’il me demande de l’aider. Je suis paralysé et sens ma manette de jeux débile qui glisse à cause de ma main moite. Elle s’abat sur le parquet neuf de ma chambre et pourtant je suis en état de choc devant ce corps inerte qui à peine dix secondes auparavant, criait et se débâtait. Maintenant, une marre de sang s’étend autour de cet homme. Les deux autres sont partis, en courant. Je suis dorénavant accroupi sur mon parquet les bras autour de mes jambes et je fixe ma console de jeux.

 

Mon monde est simple, voir trop simple.

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